Texte de cerveaux non disponibles
FAILLITES A VENIR
Comment les banques
profitent de la crise actuelle et du système d’aide de prêts aux entreprises de
l’État…. et prépare le terrain à des milliers de faillites. Et une crise
sûrement plus grosse que celle des Subprimes ! Explication avec un très bon
Thread de David Cayla (les Économistes atterrés)
Beaucoup de gens se demandent pourquoi, depuis six mois, malgré un effondrement
de l’activité économique, on ne voit pas le chômage exploser ni les faillites
se multiplier. Pourquoi la bourse semble tenir, pourquoi aucune banque n’a fait
faillite ?
En fait, quand on regarde les chiffres, il y a une sorte de paradoxe
inexplicable. Depuis le mois de mars, on constate un effondrement du nombre de
faillites par rapport à une année normale.
Ce phénomène s’explique très bien. Pour faire faillite, une entreprise doit
réunir les deux conditions suivantes :
1/ Avoir une dette supérieure à son patrimoine
2/ Ne plus pouvoir payer ses factures.
La condition 1 reflète un problème de solvabilité, la seconde de liquidité.
En général quand une entreprise n’est plus solvable, elle finit assez vite par
ne plus avoir accès à la monnaie une fois que sa trésorerie tombe à zéro, car
aucun organisme de crédit ne souhaite prêter à une entreprise non viable.
Mais avec le prêt garanti par l’État (PGE), et le chômage partiel, les
entreprises n’ont plus du tout intérêt à faire faillite et peuvent facilement
l’éviter.
Le chômage partiel permet à toute entreprise de continuer de payer ses
salariés. Avec le PGE elle repousse sa faillite.
Quand une entreprise
non viable économiquement parvient à poursuivre son activité et repousse
indéfiniment sa faillite en recourant à l’emprunt on dit qu’il s’agit d’une
« entreprise zombie ». Morte sur le plan économique, mais vivante sur
le plan administratif.
Le PGE s’est traduit par un phénomène relevé par la Banque de France.
Entre février et juillet 2020, la trésorerie des sociétés non financières a
augmenté de 170 milliards d’euros, et leur endettement s’est accru de 175
milliards.
Autrement dit, le PGE a permis de maintenir de nombreuses entreprises en survie
artificielle et donc de leur a permis de distribuer des salaires via le chômage
partiel.
Il y a donc non
seulement des entreprises zombies, mais surtout des centaines de milliers
d’emplois zombis.
Durant sa phase de déni, en septembre-octobre, le gouvernement a semble-t-il,
décidé d’accélérer la distribution de PGE, espérant sans doute que les morts
allaient se relever grâce à la consommation des ménages.
Une anecdote à ce
sujet.
J’ai une amie qui a racheté un magasin de fleurs en décembre 2019. Évidemment
sa boutique a été très durement touchée par le confinement du printemps. En
juin, elle fait une demande de PGE qui lui est refusée car son entreprise a
moins d’un an d’existence.
L’été passe et sa situation ne s’améliore pas. Malgré un été plutôt bon sur le
plan commercial, son entreprise de deux salariés n’est pas rentable. En
octobre, elle doit se mettre en cessation de paiement.
Et voilà que son banquier l’appelle pour lui proposer un PGE.
Car les banquiers ont intérêt à distribuer des PGE. En cas de non
remboursement, c’est l’État qui paie. Et tout PGE permet d’engranger des
intérêts et une commission. Les conseillers bancaires sont incités à en refiler
le plus possible pour toucher une prime de fin d’année.
Voilà comment le système bancaire se met à prêter à tour de bras à des
entreprises non solvable avec la bénédiction de l’État et la bénédiction des
contribuables.
Cette logique ne
vous rappelle rien ? Mais si ! C’est le retour des subprimes!
Avec une nuance, toutefois.
Cette fois-ci le risque n’est pas assumé par les opérateurs des marchés
financiers (qui seront ensuite sauvés par l’État), mais par l’État directement.
Le PGE est en train de créer une énorme bulle de faillites à retardement. Car
dès que ce dispositif sera arrêté, toutes les entreprises zombies vont
soudainement se retrouver en cessation de paiement.
Ça, c’était la situation fin octobre, le résultat du premier confinement.
Vous ajoutez là-dessus un deuxième confinement et une nouvelle de vague
épidémique qui promet d’être plus longue et plus forte que la première. Et tout
cela pendant la période des fêtes.
Concrètement que
va-t-il se passer dans quelques mois?
Dès que le chômage partiel et le PGE cesseront, on va se retrouver avec un mur
de faillites et de destructions d’emplois. Il faudra restructurer tout le
secteur productif et faire disparaitre les 100ks d’emplois zombis.
Le problème c’est que ça va prendre des mois. Les tribunaux de commerce vont
être totalement embouteillés. Une procédure de faillite c’est long, cela
demande de passer devant un juge, de solder toutes les dettes. Les arbitrages
sont complexes.
Or, tant que la faillite n’est pas prononcée, on ne peut pas calculer les
pertes.
Car les pertes ne reposeront pas que sur l’État. Il y a les dettes fournisseurs,
les dettes de loyer, les dettes bancaires classiques. Tout le monde va se
retrouver avec des pertes imprévues.
Certaines entreprises qu’on croyait solides vont se révéler être zombie. Et des
actifs qu’on pensait posséder vont soudainement se retrouver sans valeur.
A mesure que les procédures de faillite vont s’enchainer, de nouvelles pertes
vont apparaître dans des entreprises solvables.
Le processus de découverte des pertes durera des mois. Des sociétés
immobilières vont voir disparaître leurs loyers commerciaux; des salariés vont
se retrouver au chômage, des fournisseurs ne récupèreront pas leur argent. Et
les banques, bien sûr, vont accumuler des pertes.
Car les banques et la finance sont en bout de chaine. Il a fallu 1 an et demi
entre le retournement du marché immobilier américain et la faillite de Lehmann
Brothers. Là, cela prendra encore plus de temps. C’est l’effet domino, ou
systémique : l’enchainement des faillites.
Je ne veux pas jouer
les Cassandre mais il me semble que ça serait bien que notre gouvernement, pour
une fois, ne se fasse pas dépasser par les évènements.
Tout ce que je viens de dire est évident pour tout économiste sérieux. Tout
cela est parfaitement prévisible.
Maintenant que le second confinement douche une fois pour toute, les espoirs
d’un retour à la normale, il ne serait pas idiot de se préparer à
« l’anormal » et au mur qui arrive et qui produira ses pleins effets
d’ici un an. En pleine campagne de 2022.
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